Décontamination

Décontamination

Généralité décontamination par voie chimique

Pour choisir le décontaminant il faudra tenir compte de son spectre d’activité et de sa toxicité.

Pour la décontamination du matériel souillé (par exemple matériel de dissection), il est recommandé de faire au préalable un nettoyage avec un détergent sans aldéhyde, puis de rincer à l’eau.

La décontamination d’un plan de travail se fait par la pulvérisation du décontaminant à la pissette ou au spray (et non le passage d’un papier adsorbant imbibé de décontaminant) ; laisser agir le temps indiqué.

Enfin certains agents pathogènes (virus hépatite B, HIV, protéine prion) doivent être décontaminés selon des procédures validées :

  • Hépatite B : chaleur humide (15 minutes à 121°C) ; javel (30 minutes à 1,1%)
  • HIV : chaleur humide (30 minutes à 56 °C) ; javel (15 minutes à 0,6%) ; éthanol (15 minutes à 70%)
  • Prion

À l’eau de Javel (hypochlorite de sodium)

Spectre d’activité

Bactéries +++
Spores, mycobactéries ++
Champignons, virus +

L’activité est partiellement inhibée par les protéines (+++) et l’eau calcaire (+)

Incompatibilités chimiques

Incompatible avec les acides forts (production de chlore gazeux), les détergents cationiques, le formaldéhyde en solution concentrée.
Corrosif avec les métaux ferreux, même les meilleurs inox.

Toxicité

Caustique (solution à 9,6%) ; modérément irritant pour la peau, les yeux et les voies respiratoires (solutions diluées). Port de gants et de lunettes pour la manipulation de la solution concentrée.

Utilisation

Les solutions sont commercialisées sous deux formes :

  • l’extrait de javel en berlingots souples de 250 mL dont la concentration est 9,6% de chlore actif
  • l’eau de javel en 1,5 litre ou 2 litres en emballage plastique ~ rigide dont la concentration est 2,6%

Surface ou matériel souillé : en général, 0,5% pendant 15 minutes ou 1% pendant 30 minutes si forte concentration de matières organiques.
VIH : 0,5% pendant 15 minutes si faible concentration de matière organique ou 1% pendant 30 minutes si forte concentration de matières organiques.
Surnageant de culture : 1% pendant 30 minutes
VHB, VHC : 1% pendant 30 minutes

Conservation

Vérifier la date de péremption.

L’eau de Javel se conserve six mois en l’absence de lumière et de chaleur. Malgré l’économie réalisable en achetant de l’extrait, sa vitesse de dégradation spontanée fait conseiller d’acheter plutôt de l’eau de javel.

Une solution diluée se conserve plus d’une semaine à température ambiante et sans présence de protéines.
En présence de protéines (par exemple dans un bécher dans lequel on met à tremper des pipettes Pasteur), faire la dilution deux fois par semaine.

Au glutaraldéhyde

Spectre d’activité

Bactéries +++
Champignons, mycobactéries, spores, virus ++

Son action n’est pas sensible à la présence de protéines; elle est maximale à pH alcalin, mais le produit se dégrade alors en moins de deux semaines.

Incompatibilités

Incompatible avec les bases fortes, oxydants forts (permanganates, dichromates).
Les solutions alcalines de glutaraldéhyde réagissent avec l’éthanol, les cétones, les amines et hydrazines.

Toxicité

Fortement irritant pour la peau, les yeux et les voies respiratoires même en solution diluée. Allergisant essentiellement de type cutané (dermatite de contact), mais aussi respiratoire (rhinites, asthme). Préparer les dilutions avec des gants nitrile et sous sorbonne.

Utilisation

Les solutions commerciales se présentent sous deux formes :

  • des solutions de glutaraldéhyde 2%, bicarbonate de sodium 0,3%, où le bicarbonate est rajouté extemporanément. Ne garder cette solution qu’une semaine (polymérisation du glutaraldéhyde).
  • des mélanges plus stables avec des détergents ou d’autres décontaminants. Dans ce cas le spectre d’activité peut être modifié, notamment vis à vis des champignons ; regarder la notice d’emploi.

Cette décontamination s’utilise surtout sur le matériel métallique (ne supportant pas la javel) ou le matériel non autoclavable. Employer une solution de glutaraldéhyde 2%, bicarbonate de sodium 0,3%, en trempage au minimum pendant 15 minutes, et 2 heures au moins s’il s’agit d’inactiver des spores.
Opérer par trempage dans un bac avec couvercle, avec des gants nitrile et sécher sous sorbonne.

À l’éthanol

Spectre d’activité

Bactéries +++
Mycobactéries ++
Virus enveloppés +
Spores, champignons, virus non enveloppés –

Son action est peu sensible à la présence de protéines.

Incompatibilités

Incompatible avec les oxydants forts (dichromates, permanganates, perchlorates, eau oxygénée en solution concentrée), et les hypochlorites (eau de Javel en solution concentrée).

Toxicité

Irritant pour les yeux.

Utilisation

Utiliser une solution aqueuse à 70 % pendant 15 minutes pour décontaminer par exemple les plans de travail ou les pots et rotors de centrifugation.
En génie génétique, c’est une bonne solution sur E coli.

Utilisation de produits commerciaux

Les normes européennes sur les désinfectants se déclinent en normes de base et normes d’application.
Dans les normes de bases le test se déroule en solution et dans les conditions les plus favorables au désinfectant (= en conditions propres, sans substance interférente).
Les normes d’application essaient de se rapprocher des conditions d’une utilisation précise dans un domaine d’activité donné.
Toutes les normes d’application ne sont pas encore publiées.

Il est important de respecter les concentrations ou dilutions de la notice d’emploi ainsi que les temps de contact, et de ne pas mélanger des produits entre eux car leurs activités peuvent se contrarier.

Les informations commerciales n’étant pas une parole d’évangile, pour les produits qui vous intéressent, demandez les dossiers techniques d’adéquation aux normes.

Pour nos activités de laboratoire, on choisira un désinfectant selon ces normes :

Bactéricide

Décontamination en trempage : “norme EN 13727 en conditions de saleté”
Décontamination de surface : “norme EN 1276 en conditions de saleté”

Mycobactéricide

Décontamination en trempage : “norme EN 14348, y compris les mycobactéries atypiques, en conditions de saleté”

Levuricide

Décontamination en trempage : “norme EN 13624 en conditions de saleté”

Fongicide

Décontamination en trempage : “norme EN 13624 en conditions de saleté”

Virucide

Décontaminations en trempage et de surface : “norme EN 14476 en conditions de saleté”

Sporicide

Norme de base : “norme EN 14347”