Évaluation du risque

Évaluation du risque

Manipulation d’un agent pathogène pour l’Homme

Sauf lorsque l’agent est nouveau ou encore mal connu, l’analyse de risque des manipulations des agents biologiques pathogènes pour l’homme est relativement facile : la réglementation les a répartis en classes de risque (classe 1 = non pathogène; classes 2 à 4 = pathogènes de plus en plus dangereux) défini par arrêté.

Les agents pathogènes nouveaux ou pas encore classés doivent être manipulés comme des agents de classe 3.

Ce classement implique des règles de confinement.

Analyse du risque

  • quelle est la classe de risque de l’agent ? A-t-on des éléments à propos de sa viabilité dans un milieu extérieur ?
  • quelles sont ses voies de contamination ?
  • comment s’exprime l’infection et quels sont les symptômes de la maladie ?
  • y a-t-il transmission interhumaine ?
  • existe-t-il un vaccin ou un traitement ?
  • s’il s’agit d’un parasite, à quels stades peut-il y avoir contamination de l’homme ? Peut-il y avoir une contamination directe ( = sans vecteur) en cours de manipulation à la paillasse (notamment par piqûre ou coupure) ?
  • dans nos protocoles expérimentaux, quels sont les étapes ou les gestes susceptibles d’entraîner une exposition à l’agent ?
  • quels sont les personnels qui pourraient être exposés à ce risque ?
  • le risque est plus important pour certains personnels (immunodéprimés, femmes enceintes…) ; ils doivent demander conseil au Médecin de prévention. Cette information a-t-elle été faite auprès de l’ensemble des personnels ?

Manipulation d’un animal

Les risques biologiques d’une manipulation d’animaux sont :

  • la transmission d’une zoonose au manipulateur ; cette contamination peut se faire par contact direct avec l’animal ou ses produits, par morsûre ou griffure, ou par inhalation d’aérosols (particulièrement ceux produits lors de la manipulation des litières).
  • les allergies : certaines personnes peuvent présenter des réactions d’allergie aux poils ou sécrétions des animaux ; les litières sont alors un vecteur important de l’allergène.
  • les produits injectés aux animaux peuvent éventuellement présenter un risque biologique (tout comme également un risque chimique ou radioactif).

L’expérimentation animale suppose l’obtention préalable d’une habilitation de l’animalerie par la DDPP, d’une autorisation pour le responsable et d’une formation des personnels.

Analyse du risque

Animaux de laboratoire

  • proviennent-ils d’un élevage agréé ?
  • quelles sont alors les garanties sanitaires du fournisseur ?

Animaux sauvages

  • quelle est leur provenance géographique ?
  • des tests de portage d’agents pathogènes ont-ils été effectués ?
  • en fonction de cette origine géographique, quels tests sanitaires seraient opportuns ?
  • en fonction de l’espèce, de l’origine géographique, des garanties sanitaires et des résultats aux tests de portage, quelles sont les zoonoses possibles ? Parmi elles, quelles sont les plus probables ? Et dans ces cas, quelles sont les voies de contamination et les symptômes de la maladie ?
  • si les animaux sont expérimentalement infectés par un pathogène pour l’Homme, quelle est la classe de risque de ce pathogène ?
  • qui a accès à l’animalerie et pour quels types d’activités ? Quels sont les personnels qui pourraient être exposés à ce risque ?
  • en dehors de l’entretien des animaux, dans nos protocoles expérimentaux, quels sont les étapes ou les gestes susceptibles d’entraîner une exposition à un agent pathogène éventuellement porté par les animaux ?
  • le risque est plus important pour certains personnels (immunodéprimés, femmes enceintes…) ; ils doivent demander conseil au Médecin de prévention. Cette information a-t-elle été faite auprès de l’ensemble des personnels ?

Manipulation d’un échantillon biologique

Un échantillon biologique peut présenter un danger par les agents pathogènes ( y compris la protéine prion) qu’il peut contenir.

Le plus grand risque dans ce domaine est apporté par les échantillons humains ou simiens.

Pour des raisons d’éthique et de risque sanitaire, l’autoprélèvement (= le prélèvement sur les membres du laboratoire) est strictement interdit.

Analyse du risque

  • quels sont les types d’échantillons biologiques que nous utilisons ? De quelles espèces proviennent-ils ? Qui nous les fournit ?
  • utilisons-nous des échantillons connus pour être infectieux (échantillons de malades infectieux ou d’animaux volontairement infectés avec un pathogène pour l’homme) ?
  • dans quel(s) confinement(s) nos échantillons doivent-ils être manipulés ?
Petits animaux de laboratoire (non infectés expérimentalement)L1
Animaux sauvages (selon l’espèce et l’origine géographique)> L2 minimum
Bovins
     si statut sanitaire reconnu sans danger        
         – tissus nerveux ou lymphoïdes
L2
         – autres tissusL1
     si soupçon d’encéphalopathie spongiformeL3
Singes
     si contrôles négatifs pour portage de SIV, Herpès B, hépatites et tuberculose
L2
     si contrôles non faits ou positifsL3
Homme (selon l’état sanitaire du donneur, les tests réalisés)
    non soupçonné d’être infecté par un agent biologique de classe 3 ou 4
L2
    soupçonné d’être infecté par un agent biologique de classe 3 ou 4L3 ou L4
  • dans nos protocoles expérimentaux, quels sont les étapes ou les gestes susceptibles d’entraîner une exposition à un agent pathogène éventuellement contenu dans nos échantillons ?
  • quels sont les personnels qui pourraient être exposés à ce risque ?
  • le risque est plus important pour certains personnels (immunodéprimés, femmes enceintes…) ; ils doivent demander conseil au Médecin de prévention. Cette information a-t-elle été faite auprès de l’ensemble des personnels ?

Échantillons animaux

  • quelle est l’origine des animaux ?
  • que sait-on du statut sanitaire de ces animaux ?
  • quelles sont les zoonoses possibles avec ces espèces ?
  • si ce sont des singes (macaque), ont-ils été testés pour le portage du virus de l’herpès B ?

Échantillons humains

  • de quels services proviennent-ils ?
  • ces services ont-ils des informations cliniques sur d’éventuels risques infectieux de ces échantillons ?
  • ces échantillons ont-ils été testés pour la présence de HIV et des virus des hépatites B et C ?
  • si ce sont des tissus (humains, bovins, ovin) du système nerveux central ou lymphoïdes, que pouvons nous savoir d’une possible contamination prion ?

Manipulation d’une culture cellulaire

Le risque d’une culture cellulaire peut provenir soit du milieu (sérum de complémentation, additifs biologiques), soit des cellules.

Le risque présenté par les cultures primaires est très comparable à celui des échantillons biologiques qui leur ont donné naissance.

Le risque des cultures de cellules tumorales, de cellules immortalisées ou de lignées cellulaires réside dans une réimplantation accidentelle des cellules et le développement, rare il est vrai mais difficilement prévisible, d’une tumeur. La prévention essentielle est alors d’éviter l’accident transcutané en proscrivant autant que possible l’usage d’outils coupants ou piquants.

La culture de ses propres cellules est dangereux et est d’ailleurs interdit.

Analyse du risque

  • Existe-t-il une liste de toutes les cellules en culture que nous utilisons ou avons en stock ?
  • Dans nos protocoles expérimentaux, quels sont les étapes ou les gestes susceptibles d’entraîner une exposition à un agent pathogène éventuellement contenu dans nos cultures ?
  • Quels sont les personnels qui pourraient être exposés à ce risque ?
  • Le risque est plus important pour certains personnels (immunodéprimés, femmes enceintes…) ; ils doivent demander conseil au Médecin de prévention. Cette information a-t-elle été faite auprès de l’ensemble des personnels ?

Risques liés au milieu de culture

  • Dans quels cas, complémentons-nous le milieu de culture avec des produits biologiques (sérums, hormones, facteurs de croissance…) ? Que savons-nous de ces compléments de milieu et en particulier des risques infectieux qui peuvent y être associés ?
  • En particulier pour les sérums humains, ont-ils été testés pour la présence de HBV, HCV ou HIV ?

Cultures primaires ( = cellules isolées à partir d’un échantillon biologique)

  • Si ce sont des tissus (humains, bovins, ovins) du système nerveux central ou lymphoïdes, que pouvons nous savoir d’un possible risque prion ?
  • Si ce sont des échantillons animaux : Quelle est l’origine des animaux ? Que sait-on du statut sanitaire de ces animaux ? Quelles sont zoonoses possibles avec ces espèces ? Si ce sont des singes (macaque), ont-ils été testés pour le portage du virus de l’herpès B ?
  • Échantillons humains : De quels services proviennent-ils ? Ces services ont-ils des informations cliniques sur d’éventuels risques infectieux de ces échantillons ? Ces échantillons ont-ils été testés pour HIV, HCV, HBV ?
  • Quel confinement adopter ?
Petits animaux de laboratoire (non infectés expérimentalement)L1
Animaux sauvages (selon l’espèce et l’origine géographique)L2 minimum
Bovins
    si statut sanitaire reconnu sans danger        
        – tissus nerveux ou lymphoïdes


L2
        – autres tissusL1
    si soupçon d’encéphalopathie spongiformeL3
Singes
    si contrôles négatifs pour portage de SIV, Herpès B, hépatites et tuberculose
L2
    si contrôles non faits ou positifsL3
Homme (selon l’état sanitaire du donneur, les tests réalisés)
    non soupçonné d’être infecté par un agent biologique de classe 3 ou 4
L2
    soupçonné d’être infecté par un agent biologique de classe 3 ou 4L3 ou L4

Cellules immortalisées, lignées cellulaires ou cellules tumorales

  • Cultivons-nous des cellules immortalisées par des virus recombinants même défectifs (par ex SV40, virus Epstein-Barr…), des lignées cellulaires ou des cellules tumorales ? Si oui dans quel confinement le fait-on ?
Lignées commercialisées (ATCC, ECACC…)Adopter le niveau recommandé par le fournisseur (le plus souvent L1 ou L2). Exemples de lignées à confiner en L2 : COS, HeLa, HEK293, Daudi…
Lignées non commercialisées :
           – humaines ou simiennes
           – ou tumorales
           – ou immortalisées par un oncogène ou un virus transformant
L2
  • Y a-t-il des étapes où l’on utilise des outils coupants ou piquants ?

Manipulation d’un organisme génétiquement modifié

Les manipulations d’OGM nécessitent l’obtention préalable d’un agrément. Le risque d’une manipulation est analysé par le Haut Comité aux Biotechnologies (HCB) en particulier en considérant les natures de l’insert, du vecteur et de l’hôte.

L’obligation de protection de la population se traduit également par un souci d’éviter la dissémination du transgène (évasion de l’OGM, transmission du transgène par reproduction non contrôlée d’animaux transgéniques).

Analyse du risque

  • Utilisons-nous des OGM ?
  • Si oui, toutes nos expériences sont-elles couvertes par un agrément OGM ? A quelles classes de risque la notification d’agrément les attribue-t-elle ?
  • Quand cet (ces) agrément(s) doi(ven)t-il(s) être renouvelé(s) ?
  • Quels niveaux de confinement sont prescrits dans la (les) notification(s) d’agrément ?
  • Les modifications de nos manipulations sont-elles compatibles avec les agréments correspondants ?
    – Agrément de groupe 1 : le “registre OGM” est-il tenu à jour correctement ?
    – Agrément de groupe 2 : informouns nous le HCB de nos modifications de manipulation ?
  • Dans nos protocoles expérimentaux, quels sont les étapes ou les gestes susceptibles d’entraîner une exposition à un éventuel risque de contamination ?
  • Quels sont les personnels qui pourraient être exposés à ce risque ?
  • Le risque est plus important pour certains personnels (immunodéprimés, femmes enceintes…) ; ils doivent demander conseil au Médecin de prévention. Cette information a-t-elle été faite auprès de l’ensemble des personnels ?